La mérule n’infeste pas seulement les charpentes ou les planchers : elle peut aussi se cacher dans le bois de chauffage entreposé à l’intérieur. Ce champignon lignivore, connu sous le nom scientifique Serpula lacrymans, se nourrit de cellulose et se propage silencieusement dans les environnements humides et confinés. Une simple bûche contaminée peut ainsi introduire la mérule dans un garage, une cave ou un cellier et menacer toute la structure de la maison. L’objectif de cet article : apprendre à identifier rapidement la mérule sur les bûches, adopter un protocole « stop contamination en 24 h » et choisir entre désinfection thermique ou élimination sécurisée. En suivant nos checklists pratiques, vous saurez comment éviter que ce champignon destructeur ne transforme votre réserve de bois en porte d’entrée vers un sinistre coûteux.
Identifier la mérule sur des bûches : les 5 signes qui ne trompent pas
Pour identifier la mérule sur le bois de chauffage, il suffit souvent d’un simple examen visuel. Le premier signe est la présence d’un mycélium blanc cotonneux, humide et légèrement brillant, qui s’étend à la surface des bûches ou sur le sol du local de stockage. Ce feutrage blanchâtre peut rapidement s’épaissir et prendre un aspect laineux, surtout si l’air est confiné et humide.
On peut aussi repérer de longs cordonnets brunâtres, appelés syrrotes, qui se faufilent entre les morceaux de bois. Ces filaments, semblables à de fines racines, transportent l’eau et permettent à la mérule de progresser d’une bûche à l’autre. Lorsqu’ils deviennent sombres et cassants, c’est le signe d’un développement déjà bien avancé.
La mérule forme parfois des plaques brun-rouge à bords blancs : ce sont les fructifications, zones où le champignon libère ses spores. Le bois infecté devient alors plus brun, sec et se fragmente en petits cubes réguliers — c’est la fameuse pourriture cubique. Enfin, une odeur de cave ou de champignon humide confirme souvent la présence du parasite.
🕒 Signes à vérifier en 30 secondes :
- Mycélium blanc cotonneux sur le bois
- Cordons bruns ou filaments sur les bûches
- Plaques brun-rouge à bord clair
- Bois qui s’effrite en cubes
- Odeur de moisi ou de champignon
Test express à domicile (5 minutes, sans matériel pro)
Pour un test express à domicile, nul besoin d’équipement professionnel. Commencez par gratter légèrement la surface du bois avec un couteau ou un tournevis : si la matière s’effrite facilement ou forme des petits cubes secs, le champignon a probablement commencé son travail de dégradation. Ensuite, observez la bûche à la loupe ou via l’appareil photo de votre smartphone : recherchez un réseau de filaments blancs ou des zones brunâtres au contour clair.
Vérifiez aussi l’environnement : la mérule se développe presque toujours à proximité d’une source d’humidité — mur froid, fuite, sol en contact direct avec le bois ou condensation visible. Si vous possédez un hygromètre, mesurez le taux d’humidité du bois : au-delà de 20 %, les conditions sont favorables au développement du champignon.
Prenez une ou deux photos nettes des zones suspectes (filaments, bois craquelé, coloration) avant tout nettoyage. Elles permettront à un diagnostiqueur ou à un spécialiste du traitement du bois de confirmer ou non la présence de mérule et de vous indiquer si un prélèvement ou un traitement est nécessaire.

Mérule ou simple moisissure de bûcheron ? Le guide visuel
Il est fréquent de confondre la mérule avec une simple moisissure de bûcheron, surtout sur le bois de chauffage. Pourtant, leurs effets et leur dangerosité n’ont rien de comparable. La moisissure commune se contente de tacher la surface du bois sans l’endommager en profondeur, tandis que la mérule dégrade la structure cellulaire du bois, provoquant la pourriture cubique.
Visuellement, la différence est nette. La mérule présente un aspect cotonneux épais, souvent accompagné de cordonnets bruns et d’une odeur de cave. Elle s’étend rapidement, parfois de plusieurs millimètres par jour. À l’inverse, une moisissure banale se manifeste par une fine pellicule colorée (verte, noire ou grise), sèche au toucher, qui reste localisée sur la surface du bois.
Voici un petit guide pour trancher :
| Critère | Mérule (Serpula lacrymans) | Moisissure de bûcheron |
|---|---|---|
| Couleur | Blanc cotonneux, brun-rouge, bords clairs | Vert, noir, gris, parfois bleuté |
| Texture | Épaisse, humide, filamenteuse | Sèche, poudreuse, superficielle |
| Odeur | Forte odeur de champignon ou de cave | Odeur faible ou neutre |
| Vitesse de propagation | Rapide, plusieurs mm/jour | Lente, reste localisée |
| Dégâts sur le bois | Pourriture cubique, affaiblissement structurel | Aucun dégât profond, tache esthétique |
| Que faire ? | Isolement, diagnostic, traitement thermique ou fongicide | Séchage, aération, brossage simple |
💡 Astuce : si le bois reste solide après grattage et qu’il n’y a ni filaments ni odeur marquée, il ne s’agit probablement que d’une moisissure de surface. Un bon séchage à l’air libre suffit alors à stopper sa progression.
Que faire tout de suite si suspicion : protocole anti-propagation
Dès les premiers signes de mérule sur le bois de chauffage, la priorité est d’éviter toute propagation. Commencez par isoler immédiatement les bûches suspectes. Placez-les dans un sac plastique épais et hermétique, puis stockez-les à l’extérieur, à l’abri de la pluie mais hors du logement. N’entreposez jamais ces bûches dans un garage ou une cave : la chaleur et l’humidité y accélèrent la contamination.
Ensuite, nettoyez soigneusement la zone de stockage. Aspirez les poussières et résidus à l’aide d’un aspirateur équipé d’un filtre HEPA, puis lavez les surfaces (sol, étagères, murs) avec un détergent alcalin ou une solution fongicide douce. Équipez-vous de gants, masque et lunettes de protection pour éviter d’inhaler les spores.
Si le doute persiste ou si les bûches sont fortement envahies, ne tentez pas de les brûler : déposez-les en déchetterie dans le circuit des déchets verts contaminés. Cela évitera la dissémination des spores et protégera les autres zones de votre habitation.
Désinfection des bûches atteintes : quand traiter, quand éliminer ?
Pour savoir s’il faut traiter ou éliminer le bois de chauffage contaminé par la mérule, il faut d’abord évaluer l’ampleur de l’infestation. Si les bûches présentent seulement quelques traces superficielles de mycélium blanc sans pourriture cubique ni odeur forte, un traitement thermique et un séchage complet peuvent suffire. En revanche, si le bois est brun, friable ou fissuré en cubes, il est trop dégradé : il doit être éliminé immédiatement pour éviter toute propagation.
Le traitement le plus efficace reste la désinfection par la chaleur. La mérule ne survit pas à une température supérieure à 53 °C pendant au moins 12 heures. Cette opération peut être réalisée dans un caisson ou séchoir dédié, jamais dans un four domestique, pour éviter tout risque d’incendie. Après traitement, laissez les bûches sécher à l’air libre plusieurs jours avant tout stockage.
Pour renforcer la protection, on peut appliquer un fongicide à base de borates sur les zones de contact (sol, rayonnages, murs). Ces produits naturels empêchent la repousse du champignon et assainissent le lieu de stockage. Ne rentrez jamais le bois traité avant qu’il soit entièrement sec : l’humidité résiduelle reste le principal facteur de récidive.
Faire appel à un spécialiste de la mérule devient indispensable dès que le champignon dépasse la simple bûche de chauffage. Si vous observez du mycélium sur les murs, des traces de pourriture cubique sur les poutres, ou si la surface atteinte dépasse 1 m², il ne faut pas tenter d’intervenir seul. La mérule peut s’être déjà infiltrée dans la maçonnerie, les plinthes ou la charpente, et un diagnostic professionnel permettra d’évaluer précisément l’étendue de la contamination.
Les pièces humides et mal ventilées — caves, sous-sols, garages, buanderies — sont les plus à risque. Dans ces environnements, une analyse par un expert en pathologie du bois est la seule solution fiable pour éviter une récidive. Ce professionnel pourra réaliser des prélèvements en laboratoire pour confirmer la présence de Serpula lacrymans et proposer un plan de traitement adapté.
Enfin, si vous envisagez d’acheter ou de vendre un bien situé dans une zone à risque mérule, un diagnostic préalable est vivement recommandé. Cela protège non seulement la valeur du logement, mais aussi les occupants d’une contamination coûteuse et difficile à éradiquer.
Coûts et solutions : traiter sans se ruiner
Traiter la mérule sur le bois de chauffage n’exige pas forcément un budget conséquent. Pour une désinfection locale, comptez entre 20 et 50 € pour l’achat de produits à base de borates, efficaces et sans danger pour l’environnement. Ces fongicides naturels agissent en profondeur et peuvent être appliqués au pinceau ou en pulvérisation sur les bûches et les zones de contact. Il faut prévoir quelques heures de séchage et maintenir le bois au sec pendant plusieurs jours.
Si la contamination est plus étendue, une intervention professionnelle devient nécessaire. Le coût varie de 10 à 30 € par m² pour un traitement chimique ou thermique, et peut atteindre plusieurs centaines d’euros si des éléments en bois du logement (solives, planchers, plinthes) doivent être remplacés. Le traitement par air chaud reste souvent la méthode la plus économique à long terme, car il élimine les spores sans abîmer le bâti.
Pour réduire la facture, privilégiez la prévention : stockez le bois à l’extérieur, contrôlez son taux d’humidité (idéalement <20 %) et évitez les zones confinées. Un bon séchage et une ventilation régulière coûtent peu, mais permettent d’éviter des réparations qui, elles, peuvent se chiffrer en milliers d’euros.

Risques pour la maison et la santé : démêler le vrai du faux
La présence de mérule sur le bois de chauffage n’est pas seulement un problème esthétique : elle peut menacer la structure de la maison si le bois contaminé est stocké à l’intérieur. Les spores se dispersent facilement dans l’air et peuvent coloniser d’autres éléments en bois — poutres, plinthes, parquets ou charpente — si les conditions d’humidité sont favorables. À terme, la mérule provoque la pourriture cubique, fragilisant les matériaux et pouvant entraîner des réparations coûteuses.
Sur le plan sanitaire, la mérule ne produit pas de toxines dangereuses, mais un environnement humide et mal ventilé peut favoriser les allergies respiratoires ou aggraver un asthme existant. Les spores et les odeurs de champignon peuvent aussi provoquer des gênes chez les personnes sensibles.
Il est toutefois important de rassurer : brûler une bûche contaminée dans un foyer fermé ne présente aucun danger. Le risque ne vient pas de la combustion, mais bien du stockage prolongé dans une pièce humide, où le champignon peut se développer et se propager à la maison.
FAQ rapide
Peut-on brûler une bûche suspecte ?
Oui, à condition de le faire dans un foyer fermé (insert, poêle, chaudière à bois). La chaleur détruit les spores, mais il ne faut jamais stocker le bois contaminé à l’intérieur avant combustion.
Le vinaigre ou la javel suffisent-ils ?
Non. Ces produits ont une action de surface uniquement et n’éliminent pas le mycélium en profondeur. Ils peuvent même favoriser l’humidité, ce qui stimule la repousse du champignon.
Combien de temps une bûche doit-elle sécher ?
Le bois de chauffage doit présenter un taux d’humidité inférieur à 20 % avant d’être rentré ou brûlé. Cela demande en moyenne 12 à 18 mois de séchage à l’air libre, selon l’essence et le climat.
Où jeter les chutes contaminées ?
Les déchets infectés doivent être déposés en déchetterie, dans la filière de bois traité ou contaminé, afin d’éviter toute dissémination de spores dans l’environnement.